La Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est une nouvelle réglementation européenne qui redéfinit le cadre du reporting en matière de durabilité pour les entreprises. Adoptée en 2021 et applicable depuis le 1er janvier 2024, cette directive impose aux entreprises de fournir des informations détaillées sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Elle concerne notamment les grandes entreprises et les PME cotées en bourse. De plus, les responsables achats, en particulier, sont directement concernés par cette évolution. Ils jouent en effet un rôle clé dans la chaîne d'approvisionnement, la durabilité et la conformité des entreprises.
Qu'est-ce que la Directive CSRD et pourquoi est-elle importante pour les achats ?
La Directive CSRD vient remplacer la Directive NFRD (Non-Financial Reporting Directive) adoptée en 2014. La Directive NFRD s'appliquait uniquement à environ 11 000 grandes entreprises en Europe. La CSRD quant à elle élargit considérablement le champ d'application et oblige désormais plus de 50 000 entreprises à travers l'Europe à publier des rapports sur leurs efforts en matière de durabilité. Cette directive inclut les grandes entreprises cotées en bourse ainsi que certaines entreprises non cotées. Elle concerne également des PME dans des secteurs spécifiques à haut risque.
Par ailleurs, elle exige une transparence sur la durabilité tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Les entreprises devront non seulement surveiller leur propre performance en matière d'ESG mais également celle de leurs fournisseurs, sous-traitants et partenaires commerciaux. Par conséquent, la fonction achat devient stratégique pour assurer la conformité des entreprises avec la CSRD.
🔎 Source : https://entreprendre.service-public.fr/actualites/A16970
Les principaux impacts de la Directive CSRD sur la fonction achats
Gestion de la chaîne d'approvisionnement
La chaîne d'approvisionnement est responsable d'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre des entreprises. En moyenne, environ 75% des émissions proviennent de ces chaînes d'approvisionnement, souvent appelées émissions de Scope 3. Ce pourcentage peut être encore plus élevé dans certaines industries comme les biens de consommation. Dans cette industrie, il peut représenter plus de 80% des émissions. S'attaquer à ces émissions constitue une opportunité majeure pour les entreprises de réduire leur impact environnemental.
🔎 Selon le World Resources Institute.
🔎 Plus en détails, selon l’étude sur la transition européenne vers la neutralité carbone publiée par McKinsey & Company, cinq secteurs émettent la plus grande part des gaz à effet de serre au sein de l’Union européenne :
- 28% proviennent des transports,
- 26% de l’industrie,
- 23% de la production électrique,
- 13% du bâti et 12 % de l’agriculture.
- L’essentiel des émissions (80%) résulte de la combustion des énergies fossiles.
C’est pourquoi l'un des aspects les plus importants de la Directive CSRD est la nécessité de contrôler les performances ESG des fournisseurs. Avec la CSRD, il ne suffit plus de se concentrer uniquement sur l'empreinte carbone de l'entreprise elle-même. Les achats doivent aussi s'assurer que les fournisseurs adoptent également des pratiques durables.
La CSRD implique la mise en place de stratégies de sélection des fournisseurs basées sur des critères ESG. Elle implique aussi la réalisation d'audits réguliers et la création d'indicateurs spécifiques pour évaluer les performances de chaque fournisseur. Les entreprises doivent également se préparer à exclure les fournisseurs qui ne respectent pas ces critères. Ces décisions pourraient entraîner une restructuration complète de la chaîne d'approvisionnement.
Critères de durabilité
La Directive CSRD oblige les entreprises à divulguer publiquement des informations détaillées sur leurs pratiques ESG.
Pour les services achats, cette obligation signifie que les décisions prises en matière de choix des fournisseurs, de gestion des stocks ou de sourcing devront être fondées sur des critères vérifiables de durabilité. Par exemple, si une entreprise utilise des matériaux recyclés ou des énergies renouvelables dans ses opérations, elles devront être documentées et rapportées.
Les responsables achats devront aussi collaborer avec d'autres départements pour centraliser les informations et garantir leur cohérence et leur fiabilité dans les rapports publics. Cette démarche implique également l'utilisation de systèmes de gestion des achats capables de tracer et de collecter les données ESG tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
Les défis face à la Directive CSRD
Collecte et gestion des données
Les services achats doivent mettre en place des outils et des processus permettant de recueillir des données fiables sur les performances ESG des fournisseurs. Par exemple :
- des systèmes de monitoring automatisés,
- l’utilisation de plateformes de e-sourcing
- ou la création de tableaux de bord pour visualiser les progrès en matière de durabilité.
Conformité avec des normes complexes
La Directive CSRD impose des critères très stricts en matière de durabilité basés sur des standards internationaux comme ceux du Global Reporting Initiative (GRI) ou du Sustainability Accounting Standards Board (SASB). Les directions achats doivent donc s'assurer que leurs fournisseurs respectent ces normes et qu'ils sont capables de démontrer leur conformité à chaque étape du processus.
La formation des équipes achats est également nécessaire pour qu'elles comprennent pleinement ces nouvelles normes et sachent comment évaluer la performance ESG des fournisseurs. Les audits internes et externes peuvent également devenir une partie intégrante du processus de gestion des achats.
Les opportunités offertes par la Directive CSRD pour les achats
Accroître la résilience de la chaîne d'approvisionnement
Il est vrai que la Directive CSRD impose de nouvelles exigences en matière de transparence et de conformité. Cependant, elle offre également une opportunité aux fonctions achats de renforcer la résilience de leur chaîne d'approvisionnement. Les entreprises peuvent en effet réduire leur dépendance à des partenaires non conformes et minimiser les risques liés aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement.
🔎 En effet, jusqu'à 85% des impacts liés à l'environnement, social et de gouvernance (ESG) se produisent dans la chaîne d'approvisionnement selon le World Resources Institute. La bonne nouvelle est que les organisations reconnaissent ce défi et prennent des mesures. 49% d’entre elles déclarent avoir établi des objectifs de durabilité de la chaîne d'approvisionnement et 70% déclarent investir dans des économies circulaires. Ainsi, les entreprises qui adoptent des pratiques durables dans leur chaîne d'approvisionnement ont 22% de chances en moins de subir des interruptions causées par des événements comme des catastrophes naturelles ou des crises sanitaires.
Amélioration de l'image de marque
Les entreprises qui adoptent des pratiques responsables sont perçues comme plus innovantes et attractives. En mettant en avant leurs efforts dans le cadre du reporting CSRD, les entreprises se différencient de leurs concurrents et renforcent leur positionnement sur le marché.
💡 Par exemple, Unilever a intégré des critères de durabilité dans ses processus d'achat depuis plusieurs années. L’entreprise a vu son image de marque s'améliorer. Elle a aussi bénéficié d'une réduction de ses coûts opérationnels grâce à l'efficacité de sa chaîne d'approvisionnement.
Comment les services achats se conforment à la Directive CSRD ?
Mettre en place une stratégie d'achats responsables
Pour se conformer à la Directive CSRD, les services achats adoptent souvent une approche proactive en matière d'achats responsables. Cette démarche inclut :
- la mise en place de procédures de sélection des fournisseurs basées sur des critères ESG,
- l'intégration de clauses contractuelles spécifiques aux normes de durabilité
- et la réalisation d'audits réguliers pour évaluer les performances des fournisseurs.
💡 Un bon exemple est celui de Schneider Electric qui a mis en place un programme d'achats responsables pour s'assurer que tous ses fournisseurs respectent les normes environnementales et sociales. Grâce à cette initiative, l'entreprise a réduit son impact carbone.
Investir dans des outils numériques de gestion des achats
Les responsables achats doivent donc investir dans des outils numériques capables de collecter, suivre et analyser les données ESG tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Des solutions de e-procurement ou des plateformes de sourcing digital permettent de centraliser les informations et de générer des rapports automatisés conformes aux exigences de la CSRD.
Former les équipes aux enjeux ESG
Enfin, comme dit précédemment, il est essentiel que les équipes achats soient formées pour comprendre pleinement les implications de la Directive CSRD. Des formations régulières sur les critères ESG sont nécessaires pour s'assurer que les achats s’alignent avec la transformation durable de l'entreprise.
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